« L’enfance des criminels » d’Agnès GROSSMANN

Informations :

Titre : l’enfance des criminels

Auteur : Agnès Grossmann

Éditeur : Points

Nombre de pages : 312 pages

Format  et prix : poche 7.30 € / numérique 12.99 €

Date de publication : 17 avril 2014

Genre : documentaire

Résumé :

La racine du mal se trouve t-elle véritablement et seulement dans l’enfance ? A travers le portrait des principaux criminels français, une enquête passionnante menée par une journaliste d’investigation spécialiste de la psychologie criminelle. Préface de Christophe Hondelatte Ce document est le fruit d’un travail long et minutieux qui nous amène au plus près du crime, dans la tête des tueurs en série : Marcel Barbeault alias « le tueur de l’ombre », Patrice Alègre, Pierre Bodein « Pierrot le fou », Pierre Chanal, Michel Fourniret et Monique Olivier, Guy Georges, Francis Heaulme, Emile Louis, Thierry Paulin… Pendant 7 ans Agnès Grossmann a compulsé les dossiers d’instructions des plus grands criminels français de notre temps. Pendant 7 ans, elle interrogé les témoins de l’époque, les psychiatres chargés de l’expertise médicale, les enquêteurs, et souvent la famille du meurtrier. Et plus les numéros de Faites entrer l’accusé s’enchaînaient et plus le même constat s’imposait : l’impression que le meurtre n’était pas une expression de méchanceté mais de déséquilibre profond. Ceux qui tuent de façon répétitive sont des êtres mal construits pour qui le crime est un exutoire à des souffrances et tensions internes insupportables. Il ne s’agit pas d’excuser, mais de comprendre comment un être humain se construit et comment la maltraitance – aussi bien physique que psychologique – peut engendrer des personnalités dangereuses. Pour étayer cette analyse, Agnès Grossmann a construit ses chapitres en trois parties : un bref rappel de l’histoire judiciaire, une biographie partielle du criminel centrée sur l’enfance en s’arrêtant au premier meurtre, une synthèse complétée par le témoignage du psychiatre ou du psychologue chargé du dossier du criminel au moment du procès. Quels rapprochements peut-on faire entre ces différentes histoires ? Quels sont les points communs de l’enfance des tueurs en série ? Quels sont les mécanismes repérables ?

Mon avis :

Patrice Alègre, Marc Dutroux, Michel Fourniret et Monique Olivier, Guy Georges, Francis Heaulme, Emile Louis, Thierry Paulin. Tous ces noms font froid dans le dos rien qu’à les prononcer.

Ce livre est un choc. Un documentaire pour tenter d’expliquer l’inexplicable. Car l’homme aime comprendre. Et il ressent le besoin de trouver une explication aux abominations des  tueurs en série. Attention : ce n’est pas du tout un exposé visant à trouver des circonstances atténuantes ou à excuser les actes abominables commis.

Avec une préface de Christophe Hondelatte qui plante le décor, Agnès nous livre un récit qui nous plonge dans l’enfance des plus grands tueurs en série dont notre société a accouchée. Elle pose les faits, on a droit à un rapport précis des meurtres commis, les circonstances ayant abouti à l’arrestation de chaque monstre (sans oublier les manquements du système judiciaire, je pense à Marc Dutroux), puis le décorticage de l’enfance. Alors, oui, on n’apprend rien de nouveau sur le parcours meurtrier de chacun, puisqu’on le connait via les médias, mais ce rappel était nécessaire pour bien cerner ensuite la partie relative à l’enfance.

Et ce que l’on peut retenir de ces conclusions font froid dans le dos. Car pour tous les exemples, l’enfance a joué un rôle primordial dans le basculement vers l’horreur. Alors, rappelons tout de même que tous les tueurs en série n’ont pas un tel parcours et que tous les enfants ayant eu une enfance malmenée ne sont pas tous devenus des meurtriers, heureusement. Agnès a fait le choix ici de mettre l’accent sur des serial killers qui ont été traumatisés dans leur enfance. Abandon, manque d’amour, rejet, éducation dans la haine, la violence ou l’inceste, rien n’a été épargné.

On ne trouve pas d’excuse à leurs gestes, mais tout de même, on comprend mieux pourquoi ils en sont arrivés là, ainsi que le fonctionnement de leur esprit tourmenté.

A la fin du récit, on a deux interviews : celle de Serge Bornstein, neurospychiatre et expert honoraire près de la cour de cassation. Il a notamment expertisé Francis Heaulme et Michel Fourniret. Et celle de Philippe Herbelot, psychologue, expert près de la cour de Reims, qui a expertisé Michel Fourniret.

J’ai trouvé ces deux interventions passionnantes, très poussées techniquement et psychologiquement, deux très belles réflexions et analyses sur les origines possibles du Mal.

Il en résulte une conclusion qui fait froid dans le dos : on est tous potentiellement des criminels. Pour faire baisser la pression, certains font l’amour, vont courir, tapent du poing dans le mur, tandis que d’autre se mettent en chasse d’une proie à torturer et tuer sauvagement. Glaçant.

Je terminerai cette chronique avec une pensée à toutes les victimes de ces monstres.

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En bref :

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : je n’ai pas honte de le dire, les serial killers m’intéressent. Ou plutôt le fonctionnement de leur psyché. Je suis avide de chaque analyse de leurs déviances et j’ai envie de comprendre pourquoi ils ont en sont arrivés là.

Auteur connu : je connais Agnès via son émission « Faites entrer l’accusé ».

Émotions ressenties lors de la lecture : dégoût, haine, peur, répulsion mais aussi une certaine avidité à entrer dans la tête de ces monstres.

Ce que j’ai moins aimé : j’aurai aimé fouiller encore plus profondément dans l’esprit de ces monstres. Mais cela est-il possible ? Ce n’est pas une thèse non plus….j’en demande peut-être trop…je pense me lancer dans des études de psycho lol.

Les plus : le côté documentaire, l’exposition des faits, le non jugement de l’auteure, les interviews à la fin du roman (c’est ce qui m’a le plus plu dans ce livre, les passages que j’ai lu le plus attentivement et le plus avidement).

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