« La peine du bourreau » d’Estelle THARREAU

Informations :

Titre : la peine du bourreau

Auteur : Estelle Tharreau

Éditeur : Taurnada

Nombre de pages : 256 pages

Format  et prix : poche 9.99 € / numérique 5.99 €

Date de publication : 1er octobre 2020

Genre : thriller psychologique

Résumé :

McCoy est « bourreau » au Texas. Après 42 ans passés dans le couloir de la mort, il reçoit la visite officieuse du Gouverneur Thompson qui doit se prononcer sur la grâce du condamné numéro 0451.
Il ne leur reste que quatre heures pour faire revivre les souvenirs de McCoy avant l’injection létale.
Quatre heures dans l’isolement de la prison de Walls.
Quatre heures pour cinq crimes qui déchaînent les passions.
Quatre heures pour ce qui pourrait être la dernière exécution de McCoy.
Quatre heures pour jouer le sort d’un homme.

Un thriller psychologique aussi troublant que fascinant : une immersion sans concession dans le couloir de la mort et ses procédures d’exécution.

Mon avis :

Il y a des auteurs que je suis les yeux fermés. Estelle en fait partie. Il est vrai qu’à la lecture du résumé, j’avais pensé qu’Estelle n’avait pas du faire dans la dentelle, et je ne me suis pas trompée.

Le prologue donne le ton, puisque notre détenu, « Ed0451 » quitte le couloir de la mort de la prison Polunsky pour passer sa dernière soirée avant son exécution dans une cellule de la prison de Walls. Nous sommes au Texas, tout le monde sait que la peine de mort y est légale. Un certain mal être s’empare de moi, une boule se forme dans mon bide. Elle ne va jamais me quitter et croître au fil de cette lecture.

Les chapitres égrènent le funeste décompte, nous commençons à H-4 pour finir à l’heure H. Estelle retranscrit à la perfection l’ambiance, l’atmosphère, c’est très photographique. Le lecteur visualise les manifestants qui se massent à l’extérieur de la prison, les affrontements, pacifistes au départ, puis dégénérant, entre les pro et les anti peine de mort. Le lecteur imagine très bien également la cellule du condamné, cage bétonnée sur trois faces avec la lourde grille sur l’avant, et vue plongeante sur la porte de la chambre d’exécution au bout du couloir, sans oublier la pendule qui égrène les minutes de son compte à rebours morbide.

Ed0451 a été condamné à mort pour les meurtres prémédités et de sang froid de 5 personnes. Est-ce un malade mental ou un criminel en pleine possession de ses moyens ? Le gouverneur Thompson, dernier recours d’Ed0451 pour échapper à l’injection létale, va tenter de répondre à cette question. Il a 4 heures…Ce n’est pas une dissertation du bac, Thompson va enfreindre la loi et se rendre à Walls, devant la cellule d’Ed0451. S’engage alors une discussion entre le gouverneur, le condamné, et McCoy, le « vieux cowboy », le bourreau, pardon, « l’exécuteur de peine« , à l’aube de la retraite. Un huis clos oppressant et anxiogène.

A l’aide de flash back dans le passé, Thompson va récolter des moments cruciaux dans la vie d’Ed0451 et les souvenirs professionnels de McCoy, immergeant par la même occasion le lecteur dans la peine de mort jusqu’au cou. Nous aurons les trois visions de l’enfer, le condamné à mort, le bourreau, et le gouverneur. De quoi se forger sa propre opinion. Je n’ai pas cessé de me mettre à la place de Thompson, me questionnant sur Ed0451, frémissant face aux confidences de McCoy, réfléchissant sur le verdict final : exécuter ou laisser la vie sauve ? Et dans ce cas, quel avenir pour Ed0451, si tant est qu’on puisse parler qu’une peine à perpétuité soit synonyme « d’avenir ».

L’Amérique profonde, avec ses valeurs, ses croyances, mais aussi ses déviances nous est contée. Peu importe que le lecteur soit pour ou contre la peine de mort. Estelle nous livre une photographie d’un pays, d’une situation, où se mêlent convictions et racisme, où la justice peut se corrompre hyper facilement. C’est juste passionnant. Le travail documentaire est colossal. La vision de McCoy est bouleversante. C’est lui qui appuie sur le bouton de la mise à mort. Il se confie, nous raconte les loupés du système, l’odeur de chair brulée, le dernier regard, le doute avant de finir ses « missions ». Un sueur glacée ne peut que parcourir l’échine du lecteur.

La plume d’Estelle est nette, consciencieuse, précise, détaillée, aboutie, très visuelle. Elle nous embarque dans ce roman psychologique sans nous ménager, bien au contraire.

Quant à la fin, OMG, je ne l’avais pas vue venir, je me la suis prise en pleine tronche, la boule que j’avais dans le ventre a littéralement explosé, trop d’émotions, trop de ressentis, j’ai refermé le livre en larmes, il fallait que j’évacue tout cela.

Un roman extrêmement noir, profond, qui bouscule son lecteur. Je le conseille à tous les amateurs du genre, un voyage sans retour dans le couloir de la mort, ça vous tente ? Chaise électrique ou injection létale ? A vous de choisir….

Je remercie les Éditions Taurnada et Joël Maïssa pour leur confiance.

#Taurnada    #EstelleTharreau    #lapeinedubourreau

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En bref :

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteur !

Auteur connu : J’ai découvert Estelle avec   « Mon ombre assassine » et  « De la terre dans la bouche » . Deux très belles lectures.

Émotions ressenties lors de la lecture : beaucoup d’anxiété, de l’effroi, de la trouille aussi. J’ai été oppressée tout le long de la lecture. J’ai ressenti de la colère et du dégoût vis-à-vis de la situation judiciaire des États-Unis, face à tant de racisme et de corruption.

Ce que j’ai moins aimé : j’ai tout aimé dans ce voyage au bout de l’enfer.

Les plus : la psychologie des personnages, le huis clos renforçant encore le sentiment d’oppression, la plume, très réaliste, le twist final.

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